Comment découvrir les territoires ou phénomènes inconnus liés à l’esprit ? De telles découvertes pourraient-elles être en fait des réminiscences d’expériences passées ?

Ivetta Sunyoung Kang

Description

Il y a des couches et des couches lorsqu’on examine sa maison dans les moindres détails. Cela surprend toujours à quel point elles ont été échafaudées de haut en bas, dans les joints, à travers les années que des multi-espèces ont habitées. C’était une journée sur environ quinze mois depuis mon déménagement dans ce nouveau sous-sol de maison, et c’était le jour où j’ai réalisé pour la première fois que la marque à côté de ma chaise de travail ressemblait en fait à un insecte fossilisé recouvert de ciment. Et j’ai reconnu l’insecte comme appartenant aux arthropodes, qui ressemblent plutôt aux araignées à première vue – l’insecte que j’ai souvent aperçu dans notre nouvel appartement. On considère que les araignées possèdent une mémoire – une mémoire des toiles qu’elles ont tissées la veille. Elles se souviennent des chemins menant aux filets et vérifient si une proie a été capturée. Leurs souvenirs sont leurs moments très présents d’instinct de survie, qui dépend entièrement des souvenirs. Retracer ses propres filets constitue une compréhension holistique de l’architecture, des coins, échafaudages, planchers, greniers et sous-sols de l’habitation. Pourtant, comme la verticalité et l’horizontalité n’ont pas la même signification pour les araignées que pour l’humain, je suppose que leurs souvenirs de tels espaces sont contenus différemment.

Je sais que je suis la seule habitante permanente qui explore les toiles claires et obscures que j’ai construites dans ma vie. Mes souvenirs traumatiques puisent dans les systèmes nerveux de mon corps et mon cerveau avant même que je ne les remarque. Le désordre et la complexité de ce système non-linéaire crée des vagues d’incertitude dans ma mémoire. Mais je suis ici à écouter mon corps pensant parfois par l’entremise d’empreintes physiques et chaque élément unique de la vie quotidienne dans laquelle je me situe à travers le rêve/éveillée. Pour unFAQ, je souhaitais voir en quoi ma verticalité et mon horizontalité au sein du corps pensant de ma maison pouvaient différer.

Biographie

Ivetta Sunyoung Kang est une artiste migrante de la Corée du Sud, errant présentement à Tkaronto/Toronto et qui travaille de Tkaronto et Tiohtià:ke/Montréal sur le territoire que l’on appelle maintenant le Canada. Elle travaille avec des médias interdisciplinaires, incluant le cinéma, l’installation vidéo, le texte, la performance, et la participation. Sa pratique axée sur les projets est ancrée dans la recherche multiplateforme basculant entre les études sur les connaissances, le psychosomatique, les actes de parole, les traitements pour l’anxiété, la philosophie du processus et la théorie queer. Elle s’intéresse à l’observation et à la découverte des langages déroutants qui sont générés lorsque le récit personnel et le savoir se heurtent. Son regard perçant se promène sans cesse sur les paroles éphémères, les mouvements collectifs et la mise en récit, les émotions latentes mais en devenir. Kang a obtenu un baccalauréat en beaux-arts en production cinématographique de l’université Sang Myung en Corée du Sud ainsi qu’une maîtrise en beaux-arts de l’université Concordia au Canada. Elle a réalisé des présentations à l’échelle internationale, notamment aux Smithsonian Hirshhorn Museum and Sculpture Garden (2022), ArtScience Museum (2022), et Dazibao (2022), entre autres. Elle a participé/participe présentement à des programmes de résidences d’artistes au AGO X RBC Artist-in-Residence au Musée des beaux-arts de l’Ontario (2022) au Canada et au ZK/U (2023) en Allemagne, entre autres. Elle a remporté le RBC Newcomer Arts Award (2021) et fût présélectionnée pour le prix Simon Blais (2016). Elle a publié deux projets d’autoédition, « Absent Seats » (2019) et « Tenderhands #1-100 Limited Edition » (2022), et publiera sous peu « Tenderhands (따뜻한 손) Volume 1 » avec Lefty Press basée à Séoul, en Corée (2023). Elle est membre co-fondatrice de Quite Ourselves, un collectif d’artistes à la recherche de solutions de mobilité durable dans la vie et la création d’art.